L’AAO/BirdLife en Tunisie, l’UNEP/MAP-SPA/RAC et la Tour du Valat organisent du 21 au 31 janvier 2023 en Tunisie, une formation régionale dans le cadre du Dénombrement International des Oiseaux d’eau. L’occasion d’apprendre tout en contribuant à la collecte de données cruciales pour la conservation des oiseaux et des zones humides.
Les oiseaux d’eau sont les oiseaux dont l’existence dépend, écologiquement, des zones humides. Celles-ci comprennent une grande diversité d’habitats intérieurs, comme les marais, les tourbières, les plaines d’inondation, les cours d’eau, les lacs, et d’habitats côtiers, comme les marais salés, les mangroves, les vasières intertidales et les herbiers marins, mais aussi les récifs coralliens et autres zones marines n’excédant pas six mètres de profondeur à marée basse, ainsi que des zones humides artificielles comme les barrages, les retenues, les rizières, les bassins de traitement des eaux usées et les lagunes (Cf. Article 1 de la Convention de Ramsar).
Il existe 112 espèces d’oiseaux d’eau en Tunisie, y compris des espèces accidentelles. Parmi ces espèces, plusieurs sont inscrites dans l’Annexe II du Protocole ASP/DB de la Convention de Barcelone, en tant qu’espèces en danger ou menacées d’extinction, comme le Flamant rose (Greater Flamingo), le Balbuzard pêcheur (Osprey), le Goéland d’Audouin (Audouin’s Gull), la Sterne caugek (Sandwich Tern), le Gravelot à collier interrompu (Kentish Plover), le Goéland railleur (Slender-billed Gull), la Mouette mélanocéphale (Mediterranean Gull), la Sterne caspienne (Caspian Tern) et la Sterne hansel (Gull-billed Tern).
DIOE 2023 Tunisie - Flamant rose (Jeune). ©Yassine Boulenouar
Sebkhet Sejoumi accueille à elle seule plus de 100 000 oiseaux d’eau au mois de janvier depuis plusieurs années. De façon générale, les plus grandes concentrations d’oiseaux d’eau et d’oiseaux marins se trouvent dans les zones intertidales et les zones humides côtières du Golfe de Gabès.
Dans un objectif de renforcer la coopération et l’échange d’information et d’expérience, l’Association "Les Amis des Oiseaux", Partenaire de BirdLife en Tunisie, avec l’appui du SPA/RAC et de la Tour du Valat, a commencé dès le début du mois de janvier le dénombrement des oiseaux, avec les participants à la formation en renfort.
Des visites de terrain sont organisées dans toutes les zones humides d’importance pour les oiseaux d’eau et se poursuivent jusqu’à la fin du mois, pour observer, identifier, compter et enregistrer tous les oiseaux présents. En même temps, des informations sur les circonstances et la qualité du comptage ainsi que sur les menaces et problèmes de conservation et de gestion des zones humides sont collectées. Une attention particulière est prêtée à la mise à mort illégale des oiseaux et à la pollution.
Le protocole de suivi est celui mis en place par Wetlands International (WI) pour le Dénombrement International des Oiseaux d’eau (DIOE), qui existe depuis 60 ans. Les programmes de suivi des oiseaux d’eau mis en place après le lancement des DIOE, y compris le Programme de surveillance et d’évaluation intégrées de la mer et des côtes méditerranéennes de la Convention de Barcelone (IMAP), s’alignent bien avec ce protocole.
DIOE 2023 Tunisie, avec les participants de la formation organisée par l’AAO/BirdLife en Tunisie, l’UNEP/MAP-SPA/RAC et la Tour du Valat. ©Claudia Feltrup-Azafzaf
Selon les premières constatations de terrain, les zones humides intérieures, qu’elles soient naturelles ou artificielles, souffrent d’un manque d’eau. Elles sont souvent complètement sèches et ne peuvent accueillir des oiseaux d’eau. D’autre part, la dégradation et la disparition des habitats humides continuent et s’intensifient : pollution, remblaiement, labour, constructions, etc. Dans cette situation critique, les oiseaux d’eau sont particulièrement sensibles et impactés par la chasse et le braconnage. Dans plusieurs zones humides fermées à la chasse, des infractions en matière de chasse ont été constatées et signalées par l’AAO/BirdLife en Tunisie.
La poursuite des observations et l’analyse des données recueillies permettront de mieux mesurer la gravité de la situation et à mettre à jour les stratégies et plans d’action nationaux, régionaux et internationaux, comme par exemple, le Plan d’action « oiseaux » de la Convention du Barcelone. Le suivi régulier sert en effet à déceler les tendances d’évolution des populations d’oiseaux dans l’espace et dans le temps, et à identifier les espèces qui connaissent un développement négatif et nécessitent des mesures de gestion et de conservation afin de les préserver. Ces données aident aussi à identifier et classer les zones humides critiques pour le maintien des populations d’oiseaux d’eau.
Article préparé avec l’AAO/BirdLife en Tunisie.
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