LES AMP DE MÉDITERRANÉE
Les Aires marines protégées (AMP) ont démontré leur utilité pour la conservation du milieu marin et pour la restauration des habitats dégradés et des populations d’espèces décimées. Leur rôle dans le développement économique et social et pour assurer des sources de subsistance pérennes est de plus en plus reconnu. La mise en place appropriée d’Aires protégées permet la conservation durable du patrimoine naturel. Les critères qui permettent d’éclairer le choix de nouveaux sites afin de créer un réseau représentatif comprennent : la représentativité, la résilience, la forme et la taille des AMP individuelles, la connectivité, la viabilité, la permanence, la réplication et le degré avec lequel les principes de précaution sont pris en compte pour la désignation d’une AMP.
Le nombre d'AMP et d'autres mesures de conservation efficaces par zone (OECM) en mer Méditerranée est de 1 215 en 2016, couvrant 171 362 km2. Cela place une surface de 6,81 % sous appellation légale (Cf. Etat des lieux des AMP – 2016). Ces sites sont établis au niveau national, régional ou international sous une grande variété d'appellations.

Ces sites sont établis à l’échelle nationale, régionale ou internationale, sous un vaste éventail de dénominations.
Faire progresser la conservation du milieu marin, tout particulièrement par le biais des AMP, constitue une question prioritaire importante en Méditerranée, notamment depuis ces vingt dernières années. La Convention de Barcelone, par le biais du SPA/RAC, a joué un rôle de coordination et constitue un cadre important pour une multitude d’initiatives d’AMP dans la région, de nombreux acteurs intensifiant leurs efforts afin d’appuyer la réalisation de l’objectif mondial de 2012 relatif aux AMP et l’objectif suivant d’Aichi. A cet égard, les Parties contractantes ont adopté en 2009 un “Programme régional de travail pour les Aires protégées marines et côtières de Méditerranée, y compris en haute-mer”, appuyé en 2016 par une“Feuille de route for a Comprehensive Coherent Network of Well-Managed MPAs to Achieve Aichi Target 11”.
Le SPA/RAC appuie activement les pays de Méditerranée orientale et du Sud à augmenter leur capacité à créer un réseau écologiquement cohérent d’AMP dans la région méditerranéenne, essentiellement par le biais de :
- la création de mécanismes de coordination pour la gestion des AMP régionales
- l’identification et la planification de nouvelles AMP afin d’étendre le réseau régional et d’améliorer sa représentativité écologique
- l’identification et la planification de nouvelles AMP afin d’étendre le réseau régional et d’améliorer sa représentativité écologique
- l’assurance d’une pérennité financière des réseaux d’AMP régionales et nationales.
LE PROGRAMME RÉGIONAL DE TRAVAIL POUR LES AMP
Lors de leur 14ème réunion ordinaire (Portoroz, Slovénie, novembre 2005), les Parties contractantes à la Convention de Barcelone ont invité le SPA/RAC à élaborer un programme de travail pour le développement des AMP en Méditerranée. Celui-ci vise à appuyer les pays méditerranéens à réaliser l’objectif de 2012 de la CDB, afin de créer un réseau représentatif d’AMP en mer Méditerranée.
Le SPA/RAC a préparé le Programme régional de travail pour les Aires protégées marines et côtières de Méditerranée y compris en haute-mer, en consultation avec IUCN-Med, WWF-MedPO, MedPAN et ACCOBAMS.
Le programme de travail identifie des ensembles de critères afin de créer des réseaux représentatifs d’AMP en Méditerranée. Celui-ci est adopté lors de la 16ème réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone (Marrakech, Maroc, novembre 2009). Il se compose des 4 éléments suivants :
- évaluer la représentativité et l'efficacité du réseau méditerranéen existant d'Aires marines et côtières protégées.
- faire en sorte que le Réseau méditerranéen d'Aires marines et côtières protégées soit plus complet et plus représentatif des caractéristiques écologiques de la région.
- améliorer la gestion des aires marines et côtières protégées méditerranéennes.
- renforcer les systèmes de gouvernance des aires protégées et mieux les adapter aux contextes national et régional.
LA FEUILLE DE ROUTE POUR RÉALISER L’OBJECTIF 11 D’AICHI EN MÉDITERRANÉE
A l’échelle internationale, la CDB, entrée en vigueur en 1993, fixe les objectifs de conservation envers lesquels se sont engagées les Parties contractantes. Lors de la 10ème Conférence des Parties en 2010, les objectifs d’Aichi pour la biodiversité sont notamment adoptés dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique. L’objectif 11 d’Aichi en particulier, précise que “D'ici à 2020, au moins " [...] 10% des zones marines et côtières, [...] sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d'aires protégées gérées efficacement et équitablement et d'autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans l'ensemble du paysage terrestre et marin”. La CDB encourage également l’Approche écosystémique, une stratégie pour la gestion intégrée des sols, des eaux et des ressources vivantes.
En 2016, la COP 19 adopte une Feuille de route pour un Réseau complet et cohérent d’AMP bien gérées, en vue de réaliser l’Objectif 11 d’Aichi en Méditerranée, qui sert d’orientation à l’actualisation et à la mise en œuvre du Programme régional de travail pour les Aires protégées marines et côtières en Méditerranée, y compris en haute-mer.
Cette Feuille de route vise à réaliser les quatre objectifs suivants:
- Objectif 1 : Renforcer les réseaux des aires protégées aux niveaux national et méditerranéen, y compris en haute mer et dans les zones situées au-delà des juridictions nationales (ABNJ), sous forme de contribution aux buts et objectifs pertinents convenus mondialement
- Objectif 2 : Améliorer le réseau des AMP méditerranéennes par le biais d’une gestion efficace et équitable.
- Objectif 3 : Encourager le partage des avantages environnementaux et socio-économiques des AMP méditerranéennes et l’intégration des AMP dans le cadre plus large de l’utilisation pérenne du milieu marin et de la mise en œuvre des approches écosystémique et de planification spatiale marine.
- Objective 4: Ensure the stability of the network of Mediterranean MPAs by enhancing their financial sustainability.
À PROPOS DES AIRES « SPÉCIALEMENT » PROTÉGÉES
Le terme « Aires Spécialement Protégée » fait référence à une nouvelle approche de protection de la nature.
L’objectif traditionnel de la protection des espaces, tant marins que terrestres, était la conservation de différents éléments de la nature ayant une valeur particulière pour l’homme.
Ainsi, on a protégé une aire pour son importance comme habitat d’une espèce menacée ou utile pour l’homme, ou bien un site de nature vierge pour sa beauté et sa valeur récréative. Cette approche anthropocentrique a progressivement changé dans les dernières décennies du XXème siècle, le tournant étant marqué par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue en juin 1992 à Rio de Janeiro (Conférence de Rio de Janeiro).
Ainsi a commencé une nouvelle étape dans le rôle joué par les aires protégées comme technique de protection. Désormais, les aires protégées sont destinées à présenter un cadre juridique et technique global de protection qui prend en considération toutes les dimensions de celle-ci : les espèces, le milieu et les activités humaines y étant exercées.
La protection des espèces menacées, autrefois principale dans la conservation de la nature, n’est plus qu’une partie de la protection générale de toute la diversité biologique.
Cette dernière ainsi que son utilisation durable deviennent les notions centrales de cette nouvelle approche, tant en mer qu’à terre, tout en s’inscrivant dans le cadre du principe de développement durable énoncé à la Conférence de Rio de Janeiro.
En savoir plus : UNEP(DEC)/MED WG.268/Inf.16